Histoire de Sarlat
La jolie cité pittoresque de Sarlat-la-Canéda, qui compte près de 9 000 habitants, attire chaque année de nombreux voyageurs curieux de découvrir ses ruelles étroites et sinueuses et ses monuments historiques. Parmi eux, la cathédrale Saint-Sacerdos témoigne de l’histoire chaotique de la ville, mais aussi de la ténacité des évêques à la tête du diocèse.
Si vous voulez en savoir un peu plus, ce récit sur l’histoire de Sarlat et ses nombreuses épopées devrait vous éclairer.
Il y a des millénaires …
Depuis plus de mille ans, Sarlat se développe autour d’une abbaye bénédictine, aujourd’hui appelée cathédrale Saint-Sacerdos. Reconstruite au XIIe siècle et érigée en évêché au XIVe siècle, elle mêle ainsi des arts de différentes époques. La chapelle Saint-Benoît est un des plus anciens sanctuaires de l’abbaye primitive. Mais si cette abbaye a traversé les siècles, elle fait encore débat quant à son origine. Depuis quand existe-t-elle ?
Certains affirment que sa fondation doit être attribuée à Pépin, fils de Louis le Pieux. D’autres que sa construction est due aux invasions normandes en Périgord, au IXe siècle. Ces invasions auraient chassé les moines de l’abbaye de Calabrum, située sur les bords de la Dordogne, les forçant à s’enfoncer dans les terres pour se protéger. Ils auraient alors atterri dans le vallon étroit et obscur où se trouve actuellement la ville.
Le développement progressif de la ville
Quelle qu’en soit l’origine, au Xe siècle, cette abbaye n’est qu’un couvent, entouré par quelques maisons appartenant au comte de Périgord. Plus tard dans le siècle, elle gagne son indépendance, et devient rapidement prospère. Les domaines du couvent s’étendent, et celui-ci accroît son influence en donnant aux familles placées sous sa protection des garanties de repos et de sécurité. Aujourd’hui encore, on retrouve des éléments d’art roman ayant traversé les siècles : la tour-porche, la lanterne des morts, la chapelle Saint-Benoît, la façade de la salle capitulaire.
Au XIIe siècle, Sarlat est un bourg important et actif économiquement et au XIIIe siècle, après un important développement, le bourg atteint la taille d’une ville. On y trouve alors un consulat et des institutions municipales. En 1299, après de nombreux conflits, l’abbé et les religieux reconnaissent l’existence légale du maire et des consuls. La ville n’est alors plus contestée par le couvent.
L’abbaye érigée en évêché
En 1317, l’abbaye de Sarlat est érigée en cathédrale et en évêché par le Pape Jean XXII, lors de la création du diocèse (circonscription ecclésiastique sur laquelle un évêque, en communion avec l’Église de Rome, a juridiction). L’ancienne ville des consuls, nobles et marchands, devient une ville de juristes et clercs qui entourent l’évêque. Commence alors la transformation architecturale de la ville et de l’abbaye, qui ne s’achève qu’à la fin du XVIIe siècle.
Si la ville s’agrandit tranquillement, la Guerre de Cent Ans, puis plus tard les Guerres de Religions, mettent à mal sa sérénité.
Sarlat : ville maîtresse pendant la Guerre de Cent Ans
Sarlat, en tant que ville épiscopale, joue un rôle prééminent lors de la Guerre de Cent Ans. Réserve d’hommes d’armes, de munitions et de vivres, la ville fortifiée est également défendue par les châteaux situés aux alentours, comme Beynac et Castelnaud. Elle porte alors secours à d’autres villes assiégées par les Anglais : Belvès, Domme, Montignac…
Cependant, avec le traité de Brétigny en 1360, qui signe une trêve de neuf ans dans la Guerre de Cent Ans, la ville prend la nationalité anglaise. Au début du XVe siècle, elle connaît des difficultés. Les Anglais sont maîtres des châteaux-forts alentours, et les Sarladais ne peuvent pas opposer une résistance efficace. Ils sont contraints, en 1410, de traiter avec eux. Les Anglais peuvent alors acheter de la nourriture et commercer avec les habitants. En 1446, le traité se termine, avec le départ des troupes étrangères.
Un siècle plus tard, les Guerres de Religion plongent à nouveau la ville dans des difficultés.
En 1574, la cité médiévale tombe trois mois sous l’emprise des religionnaires – autrement appelés protestants – commandés par Geoffroy de Vivans. Ce dernier participe activement au conflit dans le Périgord, du côté huguenot. La ville connaît alors des temps difficiles, avant d’en être libérée.
Quelques années plus tard, en 1587, le vicomte de Turenne investit à nouveau Sarlat avec près de 900 chevaux et 6000 soldats protestants. Face au puissant siège des habitants, il est contraint de battre en retraite au bout de 20 jours.
La présence d’un évêque dans Sarlat et l’existence d’établissements religieux avaient empêché la réforme de s’implanter dans la ville. La révocation de l’édit de Nantes ne concerne donc que peu les habitants et l’économie de la ville : très peu de protestants y vivent.
Si Sarlat en a terminé avec les Guerres de Religions, pendant lesquelles elle a su montrer un fort attachement au catholicisme, elle n’en a pas pour autant fini avec les conflits.
Les troubles de la Fronde (1648–1653), ou Guerre des Lorrains, lui donnent l’occasion de montrer son dévouement à la royauté. Afin de chasser les frondeurs de la ville, tombée au pouvoir du prince de Condé trois mois auparavant, les habitants organisent une lutte qui ne dure pas plus de deux jours. Les 1200 soldats présents sur place ne peuvent pas résister à la vivacité de l’attaque.
Le retour de l’âge d’or de la ville
La ville retrouve son âge d’or grâce à la noblesse des hauts magistrats qui exercent la justice royale. Ils embellissent le site avec leurs nouvelles demeures munies d’une tour, symbole de noblesse.
C’est aussi l’époque des humanistes, avec l’écrivain Étienne de La Boétie, dont on peut retrouver un hôtel dans la ville.
En 1789, le diocèse disparaît, et les idées nouvelles de Révolution française sont relativement bien accueillies par la bourgeoisie. Pendant près de 150 ans, la ville vit au rythme des saisons. Elle ne se revivifie qu’au milieu du XXe siècle, avec la création du Festival des Jeux du Théâtre en 1952. Ce festival donne un nouvel élan à la ville, en faisant découvrir d’un œil nouveau son patrimoine. Dès lors, arrivent des personnalités curieuses de découvrir cette cité historique. Depuis cette date, chaque année, de nombreux spectateurs viennent assister au Festival du Film pour les jeunes, futurs cinéastes et techniciens.
Sarlat connaît ensuite une seconde renaissance avec la Loi Malraux, en 1962, qui réhabilite les centres historiques, « les secteurs sauvegardés ». C’est la première ville à appliquer cette loi.
Le 1er mars 1965, les communes de Sarlat et de La Canéda fusionnent sous le nom de Sarlat-la-Canéda.