Ne l’appelez plus jamais Montignac !
Cela faisait cinquante ans que l’ancien fief des comtes du Périgord espérait s’unir à celle que l’on ne présente plus. Un temps, il s’était bien accommodé de l’appellation Montignac-sur-Vézère. Mais définitivement, c’est pour l’incroyable Lascaux que son cœur battait la chamade !
Et contre toute attente, l’inaccessible demoiselle a fini par dire oui à son assidu courtisan, un beau jour de février 2020, quatre-vingts ans après leur première rencontre…
Montignac-Lascaux… Les deux ne font désormais plus qu’un en Vallée de la Vézère. Et si la belle continue à jouer les stars en sous-sol, l’ancien bourg médiéval lui sert d’aimable écrin en surface, quand il n’essaye pas de lui voler gentiment la vedette, le temps d’un festival endiablé et coloré, comme celui des « Cultures aux cœurs« , chaque année au mois de juillet. Mais il ne s’agit que de taquineries d’amoureux car, complices, ces deux-là le sont assurément ! Reste juste à notre heureux et chanceux village de s’affirmer, pour ne pas être qu’un simple point de passage…



Montignac avant Lascaux




Il n’aura fallu que quatre gamins intrépides, un petit chien fouineur nommé Robot, et un terrier de renard, pour faire basculer le destin de Montignac. Nous sommes en 1940, et la grotte de Lascaux sort de son long sommeil, entraînant dans son sillage l’humble bourg du Périgord Noir. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui qui s’est joué 70 ans plus tôt, aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil, déjà en Vallée de la Vézère !
Quoi qu’il en soit, Montignac n’est pas né avec la découverte de Lascaux. Le village a même eu d’autres heures de gloire, notamment au Moyen Âge, où la cité castrale s’est vite montrée prospère. Et les périodes qui ont suivi n’ont pas démenti cette bonne fortune, en grande partie liée à la proximité de la Vézère.
Évidemment, les guerres de Cent Ans et de Religion ont fait des ravages. Mais si l’expansion de Montignac a maintes fois été freinée, elle n’a jamais été stoppée. La ville a ainsi continué à s’embellir. Et cela se lit désormais sur les deux rives de la rivière, de part et d’autre du Pont Vieux…
Montignac-Lascaux rive droite...
Vous l’aurez compris en levant les yeux vers le haut de la falaise, tout est parti de là. Et même si la forteresse du Xème siècle n’a plus vraiment son allure d’antan, ses ruines en imposent toujours. Pour mieux appréhender l’ensemble, il faut grimper ! Direction la rue de la Liberté, face au pont de pierre. En remontant, plusieurs étroites ruelles s’échappent sur la gauche. Vieilles maisons débordant de fleurs, adorables courettes ombragées, minuscules passages… Tout ici respire l’authenticité.

Plus loin, la rue Versailles s’annonce, suivie de la rue des Jardins, avec son fameux point de vue sur la ville, les remparts et la tour du château. En redescendant, vous ne manquez pas d’admirer le majestueux hôtel de Bouilhac, juste au-dessus du jardin public. Le Pont Vieux vous invite déjà à le traverser. De l’autre côté, tout semble beaucoup plus animé. Mais il n’est pas encore temps de changer de rive, car le quai Merilhou vous réserve d’autres jolies surprises, comme l’église Saint-Pierre-ès-Liens, les cossues maisons en pierre de taille de la Place d’Armes, les ruelles adjacentes, dont celle de l’Archiprêtre Noël, et les berges, avec leurs étonnantes maisons à galerie et sur pilotis.
XIIIème, XVIème, XVIIIème, XIXème… Ici, chaque époque a laissé sa trace, tout en finesse et délicatesse. Les passionnés d’architecture se délectent des moindres détails d’un fronton triangulaire, d’un toit à brisis, d’une façade à colombages, ou encore d’une coursière à encorbellement. Quant aux autres, ils savourent simplement l’harmonie qui se dégage de ce très réussi méli-mélo…

