pont louis vicat sur la dordogne construit en 1812pont louis vicat sur la dordogne construit en 1812
©pont louis vicat sur la dordogne construit en 1812|Nelly Blaya / CG46

Pont Louis-Vicat

un pont qui a changé l’histoire… depuis Souillac

Au sud de Souillac, là où la Dordogne dessine une large courbe entre ville et campagne, le pont Louis-Vicat relie aujourd’hui Souillac à Lanzac. On y passe peut-être sans y prêter attention… et pourtant, vous êtes ici devant un pionnier mondial de l’histoire du ciment et de la construction.

C’est depuis ce pont, en apparence “tout simple”, qu’a commencé une petite révolution technique qui a façonné nos villes, nos ouvrages d’art… et une partie de la Vallée de la Dordogne.

Carte SouillacCarte Souillac
©Carte Souillac

Aux origines du ciment moderne

L’histoire commence en 1812. Napoléon Ier traverse Souillac sur la grande voie impériale Paris–Toulouse–Espagne. La Dordogne n’est pas encore franchissable par un pont en dur : le passage se fait par un gué ou un pont de bateaux, régulièrement emporté par les crues. L’Empereur ordonne alors la construction d’un véritable pont de pierre.

La mission est confiée à un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées : Louis Vicat (1786–1861), polytechnicien brillant, qui va profiter de ce chantier pour expérimenter une nouvelle manière de fabriquer des liants hydrauliques. En 1817, lors de la construction du pont de Souillac, il met au point le ciment artificiel, une découverte qui posera les bases du béton moderne.

Résultat : le pont Louis-Vicat devient le premier pont au monde construit avec un ciment artificiel, une technique entièrement nouvelle pour l’époque.

Commencés en 1812, les travaux s’échelonnent plus d’une dizaine d’années dans un contexte politique et économique mouvementé. Le pont est mis en service en 1824, bien après le retour de l’Empereur.

Un pont de pierre… et d’innovations

Le pont Louis-Vicat, c’est :

  • 180 m de long,
  • 7 arches surbaissées reposant sur 6 piles,
  • une élégante silhouette en maçonnerie qui franchit la Dordogne et porte aujourd’hui la RD 820, héritière de l’ancienne Nationale 20.

Grâce à l’usage de ce ciment artificiel, la construction n’est plus totalement dépendante de la pierre locale : on produit un liant maîtrisé, plus robuste, plus durable. Une petite révolution qui fera école bien au-delà de Souillac et ouvre la voie au développement des ciments industriels.

Au fil des décennies, le pont accompagne l’essor de la vallée : circulation des marchandises, des voyageurs, puis des vacanciers sur l’axe Paris–Toulouse–Espagne. Il est devenu un repère du paysage souillagais, autant qu’un symbole de patrimoine industriel. De récentes campagnes de réhabilitation ont permis de conforter l’ouvrage tout en respectant son apparence d’origine.

Une mémoire vivante

la Fondation d’entreprise Louis Vicat

Deux siècles plus tard, l’héritage de Louis Vicat continue de vivre à Souillac. En 2017, année du bicentenaire de l’invention du ciment artificiel, le groupe Vicat crée la Fondation d’entreprise Louis Vicat. Sa vocation :

  • promouvoir la culture scientifique et technique à partir de l’œuvre de Louis Vicat,
  • sauvegarder et valoriser le patrimoine réalisé en ciment,
  • soutenir des actions d’éducation et de solidarité.

Dans ce cadre, la Fondation a racheté la maison que Louis Vicat a habitée à Souillac, là même où il réalise sa fameuse découverte en 1817. Une fois restaurée, cette demeure deviendra un lieu de mémoire dédié à l’homme et à son invention, ouvert à la visite.

Pont, maison, fondation : l’histoire de Louis Vicat ne se raconte donc pas seulement dans les livres. Elle se lit dans le paysage, au bord de la Dordogne, et dans la ville de Souillac qui a vu naître l’un des grands tournants de la construction moderne.

[FR] Invention du ciment artificiel par Louis Vicat
[FR] Invention du ciment artificiel par Louis Vicat
Invention du ciment artificiel par Louis Vicat-Groupe Vicat

Entre chapelle disparue et rivière Dordogne

Pour implanter le pont, il a fallu faire des choix. La chapelle Notre-Dame du Port, qui veillait autrefois sur le quartier du Port, a été rasée pour permettre la construction de l’ouvrage. Un petit oratoire rappelle aujourd’hui son souvenir et la légende de la jeune femme miraculeusement tirée des eaux de la Dordogne pendant la guerre de Cent Ans.

En contrebas, la rivière continue, elle, à modeler la vallée. Le pont Louis-Vicat compose désormais avec d’autres ouvrages (autoroute A20, viaducs, passerelles) un paysage où se croisent mobilités d’hier et d’aujourd’hui.