Ressentir la lumière bienfaisante
Depuis la route, l’arrivée sur le village est forcément un peu moins spectaculaire que depuis la rivière, mais elle n’en reste pas moins magnifique. Et puis surtout, il y a cette lumière incomparable qui se dégage des lieux, tout à la fois enveloppante, chaleureuse, et tellement accueillante.
Le temps de garer la voiture, vous voilà déjà prêt à passer derrière le décor étonnamment linéaire du front de rivière. Bien vite, vous repérez l’étroite sente piétonne qui vous invite à rejoindre les coulisses de ce théâtre grandeur nature.
Sitôt engagé dans la ruelle pentue, vous plongez dans un nouvel univers. Les fières bâtisses qui, plus bas, s’offraient ouvertement au soleil tout en regardant au loin, s’effacent au profit d’une succession d’épaisses maisons remparts semblant s’imbriquer les unes dans les autres. Toitures en lauzes, fenêtres admirablement ouvragées, exquis petits balcons en fer forgé, élégantes tourelles… Le regard se perd dans les moindres détails de cet audacieux enchevêtrement architectural.
La balade n’est pas longue, mais elle propose de cheminer à son rythme dans des ambiances très variées. Plutôt étroites et ombragées dans les parties basses, les ruelles s’ouvrent plus largement dans les parties hautes, plongeant sur la Vallée de la Dordogne, et laissant de nouveau la lumière pénétrer généreusement.
Tel est l’autre visage de La Roque-Gageac, le plus intimiste, et surtout le plus inattendu. Car, non, vous n’avez pas rêvé ! Durant votre flânerie, ce sont bien d’immenses palmiers et bananiers que vous avez pu admirer, entre autres… Mais par quel miracle sont-ils parvenus jusque-là ?
Un havre de paix insoupçonné
« Si le Paradis existait sur terre, c’est sûrement ce décor qu’il aurait choisi ».
Cette citation du romancier américain Henry Miller est gravée sur une plaque en plein cœur de La Roque-Gageac. Un homme discret, passionnément attaché à son village, l’avait faite sienne.
Gérard Dorin, ancien diplomate, insatiable voyageur et botaniste émérite, s’est attelé, dès la fin des années 1960, à végétaliser certaines ruelles escarpées de La Roque-Gageac. Profitant du microclimat ambiant (situation plein sud, protégée des vents, et proche de la rivière), il a imaginé un surprenant jardin exotique.
Pari réussi ! Désormais, palmiers, bananiers, orangers, citronniers, grenadiers, oliviers, cactus, agaves, figuiers, hibiscus et autres bambous géants, se côtoient dans un joyeux désordre savamment orchestré, propice à une délicieuse balade, gratuite de surcroît !
En vous faufilant dans ce paradis végétal, rafraîchissant pendant les grosses chaleurs, vous imaginez toute la patience qu’il a fallu à un seul homme pour réaliser ce petit prodige ! D’autant qu’il n’a jamais oublié de mettre en valeur le patrimoine architectural du village, et l’immuable maîtresse des lieux, la Dordogne…